A propos

Ce que j’essaie de mettre en œuvre dans ma pratique artistique plastique depuis 1985 jusqu’aujourd’hui, est l’actualisation consciente des virtualités en réserve, de la fécondité des matériaux, des outils. J’aspire à une œuvre s’ouvrant d’une manière ambiguë sur le futur, fluide soumise à des transformations équivoques. Mon expérience plastique court constamment après des effets heureux à l’intérieur desquels les causes se révèlent petit à petit, se manifestent dans leur essence, démasquent l’imprévisible, surmontent l’obstacle et gagnent du sens…..

Le chaos, la fragmentation de l’espace pictural, les formes entremêlées, les lignes et les textures enchevêtrées, les abondances du matériau, la richesse de ses effets imprévisibles et accidentels que laissent apparaître mon œuvre picturale au moment du faire, me renvoient à des sensations brutes qui se transforment par la suite en perception significative provocant les instances les plus profondes en moi. Ils deviennent à l’origine de plusieurs suggestions et d’interprétations différentes….

Mon onirisme relevant de mes entretiens fantastiques et fantasmagoriques avec un monde de bestioles qui envahit parfois mes tableaux, est rendu possible par les suggestions de la couleur et les matières diverses devenant collaboratrices. Les êtres peuplant la surface de mon tableau et assurant sa structure topologique grâce à leur répartition uniforme, ne sont en fait que de simples taches et entrelacs de couleurs. Par leurs combinaisons différentes, j’ouvre la voie à des révélations multiples de ses formes et à des expressions variées de ses êtres.

C’est de la couleur et des imbrications des matières, qu’émergent dans mes peintures relief mes signes fœtaux, figuratifs , mes espaces souterrains ou lointains, ou même mes paysages …..

Le recours à l’écriture arabe à caractère mystique et cosmique, apparaissant de l’intérieure des matières, confèrent à mes représentations terrestres et cosmiques, une charge culturelle et spirituelle spécifique.

En effet, partir du premier germe du départ, puis méditer sur ce germe à travers une chronologie bouleversée, constitue en fait une forme d’intellectualisation du problème, qui s’était créé ses propres obstacles et ses propres difficultés…

En s’ouvrant sur l’imprévisible, nous rompons éventuellement avec les idées préconçues et par-là nous provoquons la spontanéité, excitons les possibilités profondes en nous et purifions la forme d’éléments maniéristes, ainsi gagner du sens.

L’activité plastique trouve fondamentalement sa genèse dans ce rapport pratique- théorique qui est essentiellement imprévisible.

Poïétique et esthétique fonctionnent en parallèle…

En effet ce qui se donne en peinture à travers la pratique artistique, est à la fois hasard et contrôle, matière et esprit, accident et maîtrise, imprévisible et prévisible.

Le résultat du tableau n’est pas le tableau lui-même, mais son processus de création. A ce propos Jean-François Lyotard écrit : « Quand nous réfléchissons sur le tableau, nous réfléchissons sur la réflexion. »[1]

 

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